Création et démarrage de l’association “Orgues et cimes”

Après 2009, année de l’élaboration des idées, 2010 a été l’année des premiers pas. L’association “Orgues et cimes” a été créée officiellement le 10 avril 2010 et, parallèlement à sa mise en place, le programme d’actions a été lancé.

La première académie d’été “Orgues et cimes”

Elle s’est tenue du dimanche 25 juillet au dimanche 1er août 2010. Organisée à l’initiative de Michèle Vongerichten, résidente dans la commune et présidente de l’association Orgues et Cimes, elle comprenait un concours de composition doté du prix Lonfat, un stage d’orgue et deux concerts.

Le concours de composition : Prix Lonfat

L’un des moments forts de l’académie d’été fut le concours de composition avec la première attribution du prix Lonfat.

La Manufacture d’orgues Kuhn a soutenu dès ses débuts l’association “Orgues et Cimes”. En diffusant les dépliants sur le prix de composition dans les différents pays européens où elle est représentée, elle a largement contribué au rayonnement de notre académie auprès des organistes.

Ainsi, malgré un délai très court pour faire connaître ce tout jeune concours, dix partitions sont arrivées de Suisse, France, Italie, Angleterre, Canada, toutes de grande qualité.

Le jeudi 29 juillet, en l’église de Finhaut, les jurés se sont réunis sous la présidence du professeur Rudolf Meyer de Winterthur pour auditionner les œuvres présentées sur CD tandis que les partitions écrites étaient projetées sur un écran pour être lues. Le public, qui était également convié, s’est montré très intéressé par cette manifestation.

Un premier jury, composé des stagiaires enthousiastes, a attribué le prix d’honneur à Florent Lagarde pour une œuvre intitulée “Fugue”.

Le jury chargé de l’attribution du prix, composé des deux professeurs, Yves-G. Préfontaine(Canada) et Betty Maisonnat (France), de l’organiste Edmond Voeffray (Suisse) et du ProfesseurRudolf Meyer (Suisse) a décerné, à l’unanimité, le prix Lonfat à Franck Besingrand pour son œuvre “Couleurs d’étoiles”.

Le stage d’orgue

Comme pour le concours, le temps pour faire circuler l’information relative à ce stage a été très bref. Néanmoins huit stagiaires se sont inscrits.

Les cours étaient assurés par les deux directeurs artistiques : Betty Maisonnat de Lyon et Yves-G. Préfontaine de Montréal. Les stagiaires répartis en deux groupes sous la responsabilité de chacun des deux enseignants, suivirent leurs cours de 9 h à midi chaque matin, alternativement sur l’orgue Kuhn de Finhaut et sur celui de Vernayaz. L’après-midi, pour le travail individuel, les stagiaires disposaient en plus d’un accès aux orgues de Salvan et de Martigny-Croix. Les stagiaires résidaient pour la plupart à la pension du Mont Fleuri.

Le lendemain du jury du concours de composition, les stagiaires ont pu profiter de la présence du professeur Rudolf Meyer qui leur a donné une masterclass fort appréciée ; ils ont pu parler avec lui des oeuvres entendues la veille, de la musique contemporaine pour l’orgue et de ses propres compositions.

Le stage 2010

Le samedi soir, après la séance de bilan, le repas de fin de stage au restaurant du site d’Emosson nous permit d’admirer un magnifique coucher de soleil avec une vue grandiose sur la vallée (photo).

Le dimanche matin, 1er août, une messe solennelle à laquelle nous étions conviés, était célébrée par le chanoine Jean-Pierre Liaudat à l’église de Finhaut : en l’honneur de la fête nationale suisse, plusieurs chorales des environs s’étaient réunies sous la direction de leur chef, Stéphane Abbet, pour chanter la Missa Brevis de Jacob de Haan, accompagnées par Betty Maisonnat à l’orgue.

Excursion à Sion, cathédrale et basilique de Valère

Un après-midi fut consacré à une excursion à Sion pour visiter la basilique de Valère, ancienne résidence des chanoines du chapitre, où se trouve le plus vieil orgue au monde encore jouable, dont la dernière restauration par le facteur suisse Füglister date de 2004, un instrument stupéfiant de beauté et de fraicheur que nous a fait entendre l’organiste Edmond Voeffray qui le connait parfaitement bien. Après la visite de ce site magnifique, descente vers la ville pour se promener dans les vieux quartiers autour de l’imposante cathédrale. Ici encore, un autre trésor nous attend, le grand orgue en tribune : trois claviers, cinquante jeux ; après que son titulaire,Edmond Voeffray nous l’ait présenté, tous les stagiaires, avec son aide bienveillante mais malgré tout un peu intimidés, ont pu à loisir se confronter à cet instrument impressionnant .

Concerts

L’académie d’été comprenait également deux concerts donnés par les professeurs, l’un à Martigny-ville le mardi 27 juillet et l’autre à Finhaut le vendredi 30 juillet. On a pu entendre des œuvres de Raymond Daveluy, Mendelssohn, Widor, César Franck, le mardi, et de Titelouze, Hindemith, Hugo Distler, Buxtehude, Petr Eben et J.S. Bach le vendredi. Les deux concerts se sont terminés chaque fois par une pièce à quatre mains (et quatre pieds) de Denis Bédard et de John Rutter.

Un peu plus de soixante dix personnes assistaient à chacun des deux concerts qui ont remporté beaucoup de succès si l’on en juge par la chaleur des applaudissements.

Le point de vue d’un stagiaire :

Orgues et Cimes : la voie pour atteindre les sommets ?

Tout commença un jour par un prospectus qui présentait un itinéraire avec classe d’orgue, en prenant le temps d’admirer les paysages du pays du Mont Blanc et de la vallée du Trient. Pour préparation : une inscription, quelques partitions, une fondue de départ un dimanche de juillet et nous voici partis, huit stagiaires comme les notes de la gamme en deux cordées de quatre, celle du Mont Rose et celle du Mont Blanc. Au début, nos guides respectifs, Betty Maisonnat et Yves-G. Préfontaine prennent deux chemins différents : l’un commence par nous entraîner sur l’orgue de Finhaut, l’autre préfère la première étape en plaine sur l’orgue de Vernayaz. Il faut bien atteindre la tribune, donner du souffle à l’instrument, bien doser ses efforts et mettre les doigts au bon endroit.

L’après-midi, chacun peut parfaire à son rythme son entraînement. Deux variantes de plus sont accessibles en voiture, à pied ou en train : l’orgue de Salvan et celui de Martigny-Croix. Il faut s’accrocher (aux notes), apprendre à placer comme il faut ses pointes (pas de crampons sur la glace mais de pied sur le pédalier), travailler des passages de plus en plus difficiles (passage du pouce), ne pas oublier les rappelsdu clavier), avancer avec souplesse (les doigts sur les touches), ne pas jouer trop vite (pour atteindre le fond de la partition). Entre deux notes, certains ont pu apprécier quelques mini promenades vers Emosson ou le glacier du Trient.

Nos guides ne sont pas avares de conseils (placer un ornement de Grigny à la bonne place, adapter un concerto de Vivaldi déjà retranscrit par Bach pour l’orgue mais à nouveau modifié pour une trompette, rythmer un menuet) et nous présentent quelques-unes de leurs courses lors de deux concerts, l’un à Martigny-ville, l’autre à Finhaut. Notre entraînement se poursuit par l’ascension non sans peine de la colline de Valère à Sion. Là nous avons pu entendre les explications étayées d’Edmond Voeffray et les sonorités du plus vieil orgue au monde encore en fonction. Il date quand même de 1430, bien avant l’ascension du Mont Blanc ! Puis nos deux cordées se réunirent pour se délecter sur les trois grands pleins jeux de la cathédrale de Sion.

Comme tout bonne expédition, nous avons pu assister à des premières, non pas une mais dix : des œuvres spécialement écrites pour cette épreuve, un concours de composition présidé par Rudolf Meyer. La technique permettait non seulement d’écouter mais aussi de lire les partitions en direct.

Pour point culminant et comme point d’orgue, les organisateurs avaient commandé un beau coucher de soleil avec une vue splendide du massif à partir d’Emosson autour d’une raclette. Un beau sommet apprécié par tous.

Merci à Anne-Marie, Derek, Jean, Hadrien, Marie-Claire, Martine, Pierre et Olivier de la cordée, à leurs conjoints ou parents qui ont supporté l’angoisse des ascensions, à nos guides, Betty et Yves qui nous ont ouvert des voies, à Michèle, Claude, Bernard et Claire, les responsables directs de l’organisation qui représentent une part de tous les sherpas de cette expédition, à toutes les paroisses et leurs représentants qui ont permis une telle aventure. Que celle-ci puisse continuer afin d’apprécier et de faire apprécier à tous la joie musicale des sommets.

Olivier Dunand (été 2010)